ASSOCIATION MAROCAINE 
DES ENSEIGNANTS DE FRANÇAIS
UNIVERSITÉ D’ETE – TANGER
DU 24 au 28 juillet 2017
Compte rendu des travaux de l’atelier numéro 1, « Quels supports pour faire vivre la poésie à l’école, de la maternelle au cycle 1: de 5 à 9 ans? », animé par Dr Faten KOBROSLI .
De prime abord force est de signaler que l’atelier s’est démarqué cette fois-ci par une caractéristique fort remarquable, puisque ses travaux ont été effectués pendant quatre jours bien garnis, d’où la nécessité d’établir un compte rendu propre à chaque journée de travail d’arrache-pied .
Avant de vous faire part des moments forts qui ont marqué les quatre journées de cet atelier, je tiens à souligner officiellement que notre animatrice Dr Faten, à qui je rends un vibrant hommage, n’a pas cessé de s’investir pleinement, de par son dynamisme, son enthousiasme, sa rigueur et son charisme, pour démontrer, sans ambiguïté aucune, que son atelier ne vise pas la transmission du savoir ni la verticalité enseignante, mais une atmosphère créée en commun accord, au sein de l’espace-classe où tout un chacun se sent responsabilisé, interpellé et invité à agir et interagir pour réfléchir, partager et produire, à l’issue d’un investissement et d’un engagement à la fois spontanés d’une part et personnels et pluriels de l’autre.
PREMIÈRE JOURNÉE : Pour une communication efficiente, un tour de table permet, aussi bien à l’animatrice qu’aux participants, d’entrer en connaissance les uns avec les autres. A ce rituel, succède la présentation des objectifs généraux de cette première journée, à savoir :
1- Identification des différentes représentations de la poésie chez le public.
2- Sensibilisation des enseignants quant aux programmes de la poésie.
3- Réflexion sur les pratiques quotidiennes de l’enseignement-apprentissage de la poésie en classe.
4- Sélection des poèmes, compte tenu des objets d’apprentissage et des supports utilisés.
Concernant le premier point, l’animatrice a su recueillir et noter progressivement au tableau tous les mots évoquant, pour les participants, la notion de poésie. Cette banque de données constitue un champ lexical si ample, avoisinant 74 mots pour une interprétation de base bien riche au niveau pédagogique et didactique.
Prenant appui sur des témoignages de certains enseignants, concernant le déroulement de leur classe de poésie au Maroc, Dr Faten n’a pas tardé à orchestrer, avec doigté, une réflexion collective, fort intéressante, à laquelle ont pris part tous les participants.

Très soucieuse de concrétiser l’aspect sublime et religieux de la poésie, notre animatrice a judicieusement usé du terme « Prière » pour inviter tous les participants à imiter littéralement ses gestes et ses mouvements, en fermant les yeux et en s’imaginant dans une forêt où le friselis des feuilles, le chuchotement des arbres et le gazouillement des oiseaux, constituent un hymne à la nature, inspirant limpidité, pudeur et pureté d’un espace paradisiaque. Elle nous a montré comment il faut travailler les consignes, les lancer, les faire vivre en classe pour qu’il y ait des productions riches qui dépassent parfois les attentes de l’enseignant. Elle nous a expliqué comment il faut les interpréter en groupe classe pour mettre en valeur toutes les idées qui se complètent.
Il va sans dire qu’au terme de cette première journée, à la fois constructive et riche en échange et en partage, un projet de sortie en plein air est annoncé pour le lendemain. Chacun des 23 participants est invité donc à venir prendre part à cette activité collective, muni d’une feuille rose en « P » sur laquelle il aura inscrit les termes préférés, évoquant pour lui le monde de la poésie.

En guise de conclusion, l’on retient qu’une séance de poésie est par excellence une entrée dans l’univers de rêve, d’émotion, de créativité et de perception de la magie des mots. En d’autres termes, une séance de poésie est à la fois une occasion d’apprentissage de la langue et une ouverture en parfaite harmonie avec la musique, la danse, le théâtre et l’épanouissement artistique.
DEUXIÈME JOURNÉE : Déterminée à lever toute ambiguïté dans l’esprit des enseignants en herbe, Dr Faten n’a pas manqué d’insister sur les points suivants :
- Une séance de poésie n’est ni une séance de mémorisation ni celle de récitation.
- Une séance de poésie est plutôt un temps d’interprétation, de construction de sens, allant du sens vers le sens.
- Loin de toute action figée, une fiche d’une séance de poésie devrait être mobile, souple et ouverte à tout effort d’adaptation, eu égard à une démarche pédagogique de base, visant principalement à favoriser et activer l’autonomisation des apprenants.

Pour ce faire, l’accent a été mis sur quatre stratégies à mettre en œuvre, à savoir :

A- Structurer (Enseignement Structuré),
B- Expliciter,
C- Intégrer,
D- S’approprier.
En mettant l’accent sur les spécificités et l’intérêt de chaque démarche créative, allant de la sélection d’un poème aux supports à mettre en œuvre, en passant par la définition des objectifs d’apprentissage, notre animatrice a attiré notre attention sur deux types de visibilité: la visibilité interne qui concerne exclusivement les activités à mettre en œuvre au sein de l’espace-classe et la visibilité externe qui se traduit pour la plupart, par la conception et l’exécution de projets, loin des contraintes de la classe. À cet égard, il y a lieu de signaler que Dr Faten a veillé à ce que tous les participants prennent part à la concrétisation d’un premier projet qui n’est autre qu’un moment inoubliable, très fort et très émouvant. En un mot, il s’agit d’un rassemblement en liesse, au cœur des espaces verts de l’établissement d’accueil, qui a été une véritable fête où tous les participants se déchaînaient, jetaient en l’air leur « P » rose et répétaient des poèmes. Tout le groupe classe était pleinement comblé de joie et de bonheur.

TROISIÈME JOURNÉE : Cette journée est un véritable chantier d’investissement pour chaque groupe de participants, chargé à l’avance de faire l’exploitation détaillée d’un poème au choix, conformément à la démarche de base, proposée et retenue, supra.
Pour que le travail demandé à chaque groupe prenne appui sur des bases méthodologiques solides et fasse également l’objet d’une élaboration minutieuse d’une fiche pédagogique d’un poème donné, l’animatrice n’a pas manqué de doter, avec la collaboration de messieurs Mohammed FOUSSHI et Mohammed KARMOUNI, son assistance de deux canevas à suivre : le premier implicite et le second explicite.

Une fois les groupes passés à l’œuvre, compte tenu des orientations précieuses de Dr Faten qui n’a pas cessé de guider et de superviser le travail des uns et des autres, une fois les fiches demandées, élaborées et affinées au terme du temps alloué, une discussion riche et fort intéressante, a débouché sur la nécessité de retenir les idées pratiques ci-après :
– Une fiche d’une activité de poésie devrait être préparée et ne saurait être improvisée.
– Il n’existe pas de fiche standard, statique ou figée pour un cours de poésie, seuls le fond et la forme du poème, les objectifs spécifiques escomptés et attendus par l’enseignant, dictent la voie à emprunter, la démarche à adopter, les stratégies à mettre en œuvre et les multi-supports à utiliser.
– Être convaincu et admettre au quotidien pratique de la classe de poésie, que chaque enseignant soucieux de motiver, d’engager et d’impliquer ses apprenants, est invité vivement à en varier et les supports et les approches, tout au long de l’année scolaire ( dans la classe et entre les différentes classes). Transcrire différents types de poèmes choisis sur des panneaux, dans le journal de l’école ou de la classe, sortir de la classe et changer de cadre, … correspond parfaitement à ce que disait Montaigne » il faut ensucrer les viandes » et aussi à la nécessité de varier en restauration, les menus pour qu’ils soient appétissants et plus alléchants.

QUATRIÈME JOURNÉE : Cette journée de couronnement met à l’honneur le terme « PROJET « avec toutes ses dimensions. En effet la motivation, l’engagement et l’implication des apprenants demeurent tributaires de la présence du maître-mot « Projet » qui, une fois mis en place, change de forme. Au sein du petit espace, la classe, l’on peut concevoir, construire et finaliser progressivement des mini-projets pour ensuite franchir les frontières, fuir les contraintes de la classe et ériger un grand projet en dehors de l’école, dans les grands espaces de vie de toute la société : à la mairie, au centre-ville, dans les jardins publics, dans les bibliothèques municipales, dans les halls des centres commerciaux, au salon du livre, …etc.
Loin du bâtiment éducatif, loin du rituel scolaire, Dr Faten a transformé l’espace classe et l’espace externe en un espace de vie, de déchaînement et d’enthousiasme où la poésie jaillit, gicle et émerge à travers une galerie de chefs-d’œuvre, voire une exposition interactive, notamment des activités ludiques, des écritures poétiques intelligemment et esthétiquement ornées et coloriées.


Très fiers de leurs prestations et de leurs productions très raffinées, les participants soulignent avec conviction et détermination, grâce aux efforts louables et inlassables de Dr Faten, notre aimable animatrice, que la poésie est une source intarissable d’inspiration, d’imagination, d’épanouissement et de création à l’infini.
L’examen très attentif des créations exposées lors de cette séance de clôture, a débouché sur une panoplie de lectures récréatives variées (En solo, à double voix, en chœur, avec des mots en écho, …) riches et ouvertes sur d’autres modes et approches d’animation, d’une activité formative et formatrice de poésie.

Grâce à sa beauté, son adaptabilité, son ouverture et sa richesse, la langue de Molière a su jeter des ponts avec la langue arabe pour la découverte et la construction d’un nombre infini d’interprétations.
En conclusion et au nom de tous, l’on note que Dr Faten a pu et a su, pendant ces quatre jours, user de sa proximité, de sa sincérité, de son langage de cœur, de sa sincérité, de sa bonne volonté, de son écoute et de sa disponibilité pour que des liens d’amitié, d’amour et de grande estime soient tissés entre Nous et Elle. En apprenant et en découvrant avec notre animatrice un bon nombre d’approches et de démarches novatrices, relatives à l’enseignement de la poésie, nous lui témoignons solennellement et pour toujours Amour, Passion et Respect.
Un grand Merci et un vibrant hommage à notre professeur Faten Kobrosli.
Rédaction du compte rendu fait par FOUSSHI Mohammed, Comité Provincial de l’AMEF, Fès, et Dr KOBROSLI Faten, Université Libanaise, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Membre de l’association ALEF, Liban.
