Compte rendu du colloque 2019

Compte-rendu du colloque

 « Le numérique dans les modèles éducatifs : réalité, défis et perspectives ».

Les modèles éducatifs n’ont pas été l’objet spécifique des communications du colloque, toutefois, ces dernières ont mis en évidence le fait que le numérique est perçu comme un outil, un moyen, et non pas comme un modèle. C’est un levier qui permet de reconsidérer, de réfléchir et de questionner.

Nous proposons, dans ce qui suit, un compte-rendu qui couvre les trois jours du colloque.

La synthèse et les recommandations paraîtront dans les actes du colloque.

 

3 avril 2019 : Rectorat de l’Université Libanaise.

 

Séance Inaugurale : Modérateur : M. Pierre Gédéon

 

Trois conférenciers ont pris la parole :

  1. Hervé Sabourin, Directeur régional de l’AUF au Moyen Orient.

Son intervention a porté sur « Le développement du numérique à l’AUF, stratégie, outils, dispositifs ».

  • La carte de l’AUF dans le monde : l’AUF couvre 113 pays et dix régions (l’Amérique du Nord, Haïti, l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie Pacifique). 900 établissements sont membres de l’AUF ?
  • Au Moyen-Orient,84 établissements dans 15 pays. Le Liban est en première position 22 membres.
  • Stratégies de l’AUF : l’AUF est confrontée à trois défis : la qualité, l’employabilité et le développement global. L’axe « innovation pédagogique » porte sur le numérique.
  • L’AUF est au service de ses états membres : accompagnement à l’élaboration de la mise en œuvre du numérique, soutien aux compétences mise à disposition d’outils de gouvernance du numérique, etc..)
  • Présentation du l’outil de gouvernance IDNEUF (Initiative pour le développement numérique dans l’espace universitaire francophone) avec ses trois programmes ANEUF (ateliers numériques), BNEUF (bibliothèques numériques), et CNEUF (création de tiers lieux implantés sur les sites universitaires).
  • L’application BLOCK Chain, la FOAD, les MOOCS, et le projet ADIP.

 

  1. Samuel Nowakowski, Responsable des Humanités numériques à l’Ecole des Mines de Nancy.

 Sa conférence a porté sur « Conversation pédagogique dans un monde connecté ». Le numérique est une culture, une dimension de notre monde. M. Nowakowski a souligné les dangers de la pollution par le numérique (on produit 50 millions de tonnes par an de déchets électroniques). Cette matérialité a un grand coût. Le numérique a sa propre vision du monde il remplace les humains par l’instrumentalisation.

  • Développer les qualités relationnelles qui ne naissent pas spontanément de l’usage des plateformes du web.
  • Encourager les contacts des langues et cultures. Renforcer la place de l’autre ; c’est l’humain qu’on doit conserver dans cette logique.
  • Appel à repenser les outils, les espaces numériques, les réseaux sociaux.
  • Au niveau pédagogiques : favoriser l’ouverture, la participation, l’autonomie des élèves, leur permettre de devenir des individus et des citoyens

 

3, M. Pierre Gédéon, Enseignant-chercheur et Directeur du Campus de Hadath Université   Libano-canadienne. « Repenser les humanités numériques ».

  • L’homme doit reprendre sa place et utiliser intelligemment les masses d’information. Le quotient compétence est construit à partir de trois piliers : compétence, dimension sociale et qualité.
  • Nécessité d’une stratégie nationale pour développer le numérique dans les modèles éducatifs et besoin de législation pour une meilleure intégration du numérique.

 

4 avril 2019 à l’USEK

 

Séance Inaugurale : Modératrice : Mme  Nicole Saliba-Chalhoub

 

Deux conférenciers ont pris la parole : M. Frédéric Picard, Rédacteur en chef du Figaro et Mme Denyse Toffoli, de l’université de Strasbourg.

 

  1. La conférence de M. Picard a soulevé deux questions : A quoi sert l’école aujourd’hui ? Quels sont les piliers pour apprendre ?.

 Le numérique est un simple outil qui peut aider l’élève mais ne supprime pas              l’enseignant qui doit donner du sens au savoir. Même si les innovations bouleversent l’éducation, le pédagogue devra être au cœur de la transmission. 

  1. Mme Denyse Toffoli a ciblé les points suivants :

   – Les élèves peuvent s’approprier les langues étrangères de façon informelle en comptant sur le plaisir et l’autonomie.

    – Elle a présenté les multiples effets de l’apprentissage informel comme une solution pour un renforcement linguistique en dehors de la classe.

    – Repenser le rôle de l’enseignant qui doit savoir ce que font ses élèves pour mieux les guider. Il doit conseiller et non imposer sa façon d’apprendre.

      – Repenser le rôle des universités qui ne sont plus les seuls lieux d’apprentissage.  Aujourd’hui, nous sommes plus centrés sur les lieux ouverts.

 

1ére  séance : « Education numérique, acquisitions et représentations », animée par M. Fadi El Hage

 

  1. Gérard-Michel Cochard & M. Pierre Gédéon « Pertinence de l’usage du numérique dans l’enseignement supérieur » 

       Les chercheurs ont insisté sur l’importance l’intégration du numérique dans l’apprentissage : les cours en ligne ou MOOC (surtout pour les étudiants salariés), possibilités de suivi individuel des étudiants, développement de l’autonomie. Ils ont, par ailleurs insisté sur l’importance de la pédagogie et des méthodes d’interventions éducatives dans l’usage du numérique (classe inversée et autres).

 

 Mme Nadjmah Cherrad « TICE et déritualisation(s) interactionnelle(s) dans l’enseignement/apprentissage du français langue étrangère »

         L’accent a été mis sur l’observation de la trame communicationnelle, dans une classe de FLE intégrant les TICE, qui met en en évidence une communication figée de la part de l’enseignant. Les rituels et la relation « enseignant-enseigné » sont modifiés : les enseignants résistent au changement de leur posture « d’experts ».

 

 Mme Samira Boubakour « Le numérique en classe de langue : entre technophilie et technophobie »

        Ce sont les représentations des enseignants concernant l’intégration des TICE dans des séances de cours de langue qui ont été analysées : des différences de représentations entre les enseignants de français et d’anglais ont été identifiées. Les enseignants d’anglais semblent être plus tolérants quant à l’usage du numérique.

 

Mme Zeina Makki « Comment le numérique favorise l’apprentissage de la langue française. L’exemple d’une pratique de classe à la Faculté de Tourisme »

C’est le numérique comme nouveau support technologique au service de la didactique des langues qui a été interrogé. Appliqué à la Faculté de Tourisme de l’UL, l’intégration des TICE via la pédagogie de projet a donné d’excellents résultats, en termes d’apprentissage, mais aussi de motivation et d’autonomie.

 

Suite aux 4 interventions, des questions concernant, le rapport aux TICE, l’investissement des enseignants en termes de temps de préparation, la pertinence de la distinction entre enseignants de français et enseignants d’anglais, la formation des enseignants, les moyens de financement, le contexte … ont été posées.

 

Table ronde, « Numérique et pratiques pédagogiques : Les applications, les risques numériques, les formations » animée par Mme Sophie Nicolaïdès-Salloum, Présidente de l’ALEF. 

Deux sujets ont fait l’objet de débats intéressants : les usages du numérique dans les modèles éducatifs, les risques du numérique.

  1. L’enseignement à distance : 3 usages : basique, enseignement hybride, usage avance.

Le numérique est utilisé selon des pourcentages : au Liban 30%

Un problème se pose : les moyens techniques et les moyens humains insuffisants

Dans certains pays, l’emploi du numérique comme moyen d’apprentissage   n’est pas encore accepté.

Le numérique est une aide à l’apprentissage. A l’Université Libanaise, il est utilisé dans des cours de mise à niveau pour une meilleure maitrise du français.

Mais l’apprenant ne doit pas se laisser approprier par les outils numériques ; il doit les récupérer à son avantage.

Pour un intervenant, il peut remplacer le cours magistral.

  1. Les risques du numérique.

Sur la santé : cancer, insomnie, pollution

Le plagiat.

 Il existe des applications qui permettent de détecter le plagiat. Mais il peut être parfois difficile à détecter.

Une éthique est donc nécessaire.

Le plagiat peut être une aide si l’apprenant sait comment transformer les connaissances en compétences.

Atelier 1 « TICE un lien entre la classe traditionnelle et la classe hybride – Scénarisation d’un modèle pédagogique intégrant les outils du web 2.0 dans le processus d’enseignement/apprentissage des langues », animé par Joyce Rouhana et Gilbert Sawma de la Faculté de Pédagogie et l’UL, qui vise l’intégration numérique dans le domaine de l’enseignement-apprentissage des langues par le biais de l’intégration d’un Modèle hybride tout en suivant une approche didactique.

 

2ème séance : « L’usage du numérique dans l’enseignement ».

 Modératrice Mme Samar El Hage.

Plusieurs outils numériques ont permis un meilleur apprentissage des langues en impliquant les apprenants et en leur offrant une certaine autonomie.

Grâce au e-learning, au Pecha-Kucha, aux MOOCS, ils sont à même de présenter un exposé en gardant l’essentiel, ils sont appelés à évaluer leurs pairs, à s’initier à une langue étrangère.

Atelier /échange d’expériences : « Organiser un Hackathon pédagogique pour promouvoir l’utilisation du numérique en classe ». animé par Mme Sarah Delbois .

Comment, en tant qu’enseignant ou formateur, se former efficacement à l’intégration des TIC en classe?

  • Pour contrer le sentiment de submersion provoqué par le trop-plein d’outils disponibles et parfois par leur complexité d’usage, le Hackathon pédagogique pourrait représenter une solution, sinon unique, du moins adéquate et responsable. On peut comprendre le Hackathon comme étant “une contraction de Marathon du Hacking.
  • Le Hackathon peut-être découpé en 3 phases, dont la durée peut varier suivant le rythme de travail des équipes : la phase de créativité, la phase d’opérationnalisation et la phase de production.
  • Utilisation de programmes numériques pour réaliser le Hackathon : Realtime, Board, CANVA.
  • La mise en place du Hackathon favorise le travail en collaboration, le partage de compétences, des productions utilisables. D’où le caractère innovant des activités.

 

5 avril 2019

Séance inaugurale : modératrice Mme Randa Naboulsi

 

Deux conférencières : Mme Laura Abou Haydar et Mme Maud Ciekanski

 

Mme Laura Abi Haidar « Numérique et enseignement/apprentissage de l’oral en FLE »

L’enseignement apprentissage de l’oral bénéficie depuis quelques années d’une dynamique intéressante. Par le recours au numérique, les apprenants sont exposés à de multiples variétés linguistiques grâce aux « corpus oraux ».

 

Mme Maud Ciekanski « Pratiques immersives à l’ère du numérique : enjeux et perspectives pour l’apprentissage des langues »

La conférence a proposé un état des lieux des pratiques immersives en langues étrangères et en FLE au regard de la classe de langues. Compétences à développer pour un public déterminé, bénéfices apportés par le recours au numérique.

 

Ière Séance : « Éducation numérique » modératrice Mme Ilham Slim-Hoteit 

 

  1. Pierre Salam « Transformations des pratiques avec le numérique à l’université : du guidage enseignant à l’autonomie apprenante »

 L’accent a été mis  sur le taux important d’échecs en licence à l’université  attribués à plusieurs facteurs dont la maîtrise de la langue française à l’écrit et à l’oral. D’où la nécessité d’un dispositif d’accompagnement à double niveau, celui de l’enseignant et de l’apprenant. Le numérique a permis de construire de nouvelles modalités basées sur des bilans informatisés, des ressources pédagogiques en autonomie, des parcours de renforcement guidés, et des ateliers d’écriture collaborative.

 

Mesdames Aida Soufi et Amal Karam  « Ludification de l’apprentissage par intégration pédagogique des jeux numériques »

Les intervenantes ont présenté un projet universitaire, un cours en ligne pour former les enseignants des écoles aux nouvelles méthodes techno-pédagogiques. Cette présentation a détaillé également la démarche d’une ingénierie pédagogique suivant le modèle ADDIE et les compétences technologiques à développer à travers les outils « Moodle cloud » et les divers logiciels libres utilisés durant le cours.

 

Mme Paulette Ayoub, « Exploitation de séquences audiovisuelles en classe : innover pour motiver à l’apprentissage des langues à l’ère du numérique »

 La réforme pédagogique de 1997 a préconisé le développement de la compétence linguistique à l’écrit et à l’oral et l’utilisation des méthodes innovantes telles,  l’exploitation d’une chanson, d’un document sonore et du TBI…

L’intervenante a posé la question suivante : Est- ce que l’introduction du numérique dans l’enseignement/apprentissage des langues contribue au développement des compétences langagières et communicatives chez les apprenants ?.

Elle a ensuite proposé l’observation d’une classe d’EB7 où l’enseignante exploite une séquence audiovisuelle. Puis elle a analysé les stratégies d’enseignement et les gestes professionnels ainsi que les comportements des apprenants lors de cette séance de classe.

 

2ème et 3ème séances : « Référentialisation, méthodes et pratiques pédagogiques innovantes » et « Education numérique acquisition et représentation » modératrice Mme Laura Abou Haydar

 

Ghina Elabboud « L’intégration des TIC par les enseignants de français au Liban : formation, usages et défis »

L’intervenante a présenté les points de vue des enseignants sur les TIC et elle a fait état de l’équipement et l’usage du numérique dans les écoles libanaises en général et dans les classes de français en particulier.

 

Sonia Farkh et Joumana Khayal Chehayta  « L’intégration des technologies numériques et méthodes pédagogiques innovantes dans le système universitaire au Liban »

Une recherche empirique s’est intéressée sur l’utilisation des outils numériques dans l’enseignement /apprentissage des disciplines scientifiques en ciblant le processus d’intégration des TIC, les pratiques et modalités innovantes  d’apprentissage et les besoins de formation des enseignants.

 

Hiba Abou Khalil « Pour l’application des modelés SAMR et TRACK à l’aide d’outils TIC en ligne : étude de cas portant sur PADLET ».

Les apports des outils éducationnels numériques en ligne par le biais d’une étude de cas portant sur la plateforme « PADLET » (mur virtuel qui sert de support collaboratif pour tout travail de groupe, d’espace de communication, d’expression orale et écrite ainsi que d’outil populaire de classe inversée et de collectivisme).

 

  1. Slaim Laid « Le dictionnaire électronique à l’ère du numérique pour un apprentissage privilégié du lexique : réalités et intelligibilité »

L’utilisation du dictionnaire numérique renforce l’acquisition du lexique/vocabulaire de l’apprenant.

 

Mme Nada Abdallah « Enjeux, défis et perspectives pour les langues : la question du numérique »

Dans le cadre d’un projet international portant sur les dynamiques des usages, de la transmission et des représentations du français dans l’espace arabo-francophone au Maghreb et au Moyen-Orient, la présente étude vise à décrire et à comprendre les dynamiques linguistiques et l’appropriation du français dans le domaine numérique.

 

  • Atelier 2 « Pratiques numériques et multimodales en FLE », animé par Maud Ciekanski de l’Université de Lorraine. Cet atelier a porté sur l’intérêt de :
  • la multimodalité pour apprendre les langues ;
  • la prise de conscience de la multimodalité des outils numériques ;
  • et la prise de conscience des usages socioculturels des usages du numérique ;
  • l’intégration des outils numériques dans un scénario de formation ;
  • Le panorama a été dressé pour l’écrit ou pour l’oral, comment l’oral aide l’écrit ? Comment l’écrit aide l’oral ?

 

 

Rédactrices : Mesdames Sophie Nicolaïdès-Salloum, Ilham Slim-Hoteit et Randa Naboulsi.

Rapporteurs : Mesdames Maha el-Housseini et Faten Kobrosli.